« La vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût…ne font qu’un seul et unique sens…le plaisir! » Anonyme
Venu du Japon, le Shinrin-Yoku (littéralement « Prendre l’atmosphère de la Forêt » ou « Bain de forêt », « Forest Bathing » en Anglais) est un terme inventé par le ministère japonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche en 1982, et peut être définie comme la prise de contact avec et s’imprégner de l’atmosphère de la forêt.

Il est reconnu au pays du soleil levant comme un moyen d’améliorer sa santé physique et psychologique.
Mais de quoi s’agit-il?
Marcher lentement, de 2 à 4 km maximum, dans une forêt ou un parc, en s’éloignant tant que possible des bruits de la ville pour stimuler les fonctions immunitaires, améliorer la qualité du sommeil, diminuer la tension artérielle, la fatigue, l’anxiété et la production de cortisol, d’adrénalines, de vasopressine, … autant d’hormones présentes dans la production du stress. On ressent un grand bien-être s’installer progressivement dans tout le corps. Les effets sont de plus en plus durables au fur et à mesure des ballades.
5 raisons de prendre un bain de Forêt
Se ballader
Se balader de manière tranquille, comme une errance, une flânerie permettent à nos pieds de se promener.
Ne pas être dans l’exercice.
Ne pas être pressé.
Etre en vie et ressentir tous nos sens éveillés.
Sentir que la forêt dans laquelle nous nous promenons à quelque chose de bon à nous offrir.
Se balader au gré des sentiers est source de sérénité et nous permet de tutoyer nos rêves.
S’immerger dans la nature pour la comprendre, pour se comprendre.
« Contemplation rime avec compréhension » N. Hulot
« La nature dit toujours quelque chose » N. Hulot
Respirer
« Oublier de respirer est la seule distraction fatale » P. Perret
Les senteurs de la forêt sont le remède.
Les chênes, les bouleaux, les pins, les fougères, les champignons, le humus … en plein soleil, à l’ombre… tant de fragrances différentes et changeantes au cours de la journée qui offrent toutes leurs propres pouvoirs de guérison.
Inspirer,
Expirer,
un échange aussi ancien que le temps.
Et pourtant, bien respirer ne va pas de soi. Nous sommes biologiquement équipés pour une respiration optimale mais notre respiration est directement liée à nos émotions, nos affects qui la perturbent… et elle se modifie, s’accélère.
Entrer dans la méditation en marche, c’est agir sur la fréquence et l’amplitude de notre respiration, et calmer le flot des pensées et les émotions.
Toucher
La forêt vous invite à utiliser notre sens du toucher pour explorer le monde ou la nature.
Comment ressent-on la texture de l’écorce de hêtre? Quelle sensation différente vit-on entre le bouleau et l’orme?
Qu’éveille la caresse de la fougère sur vos mollets? Et celle du vent sur votre peau? Vous rappelez-vous le sentiment de la boue entre vos orteils? De l’eau ruisselante couler sur vos pieds nus?
L’air du matin retient dans sa rosée toute la mémoire de la nuit.
« L’amour est aveugle, il faut donc toucher. » Proverbe brésilien
Se Relaxer
Cette immersion en forêt est une pause qui met le virtuel et le numérique en pause, une déconnexion temporaire de nos vies gérées par nos écrans et nos téléphones. Une déconnexion rythmée par la respiration, la contemplation, la méditation en marche.
Prenez le temps de regarder de manière détendue une seule chose
pendant un long moment.
Vous verrez le détail qui a toujours été là et que vous n’aviez jamais remarqué. Regardez plus encore et laissez faire l’ombre et la lumière se jouer des accords harmonieux.
Guérir
« Seuls les sens peuvent guérir l’âme, tout comme l’âme seule peut guérir les sens. » O. Wilde
Nous évoluons avec et dans la nature de manière interdépendante, liés par des fils invisibles. Nous avons besoin de la nature. Elle a besoin de tous les éléments qui la compose.
S’immerger régulièrement dans la forêt, la nature, l’écosystème, c’est comprendre de façon intime la nécessité de le protéger.
« Contemplation rime avec compréhension » N. Hulot
L’interdépendance c’est « Quand ceci est, cela est ; quand ceci apparaît, cela apparaît … » Bouddha
Parlez-lui. Faites-lui connaitre vos besoins. Voyez les siens.
Écoutez-la murmurer et laissez-vous guérir.
Et au niveau scientifique?
Au milieu des années 90, une série d’études scientifiques menées par des chercheurs nippons ont confirmé les nombreux mérites de ces immersions régulières en pleine nature.
Une des études les plus reconnues (1) passe en revue les recherches antérieures sur les effets physiologiques de Shinrin-yoku et présente de nouveaux résultats d’expériences menées sur le terrain dans 24 forêts à travers le Japon. Dans chaque expérience, 12 sujets (280 au total) ont visionné une zone de forêt ou une zone citadine.
Le premier jour, six sujets ont été envoyés à une zone de forêt, et les autres à une zone urbaine. Le deuxième jour, chaque groupe a été envoyé à l’autre zone. Le cortisol salivaire, la pression artérielle, le pouls et la variabilité de fréquence cardiaque (intervalle RR) ont été utilisés comme indices. Ces indices ont été mesurés dans la matinée avant le petit déjeuner et ensuite avant et après la marche et l’affichage.
L’intervalle RR a également été mesuré au cours des périodes de marche et de visualisation. Les résultats montrent que les milieux forestiers favorisent plus des concentrations plus faibles de cortisol, une diminution du taux de pulsation cardiaque, une diminution de la tension artérielle, une plus grande activité du système nerveux parasympathique et une diminution de l’activité du système nerveux sympathique que ne le font les environnements de la ville.
Ces résultats contribueront certainement à l’élaboration d’un domaine de recherche dédié aux qualités thérapeutiques de la forêt et appuie les bienfaits de la sylvothérapie (du latin « silva » qui signifie « bois ») en tant que médecine préventive.
(1) The physiological effects of Shinrin-yoku (taking in the forest atmosphere or forest bathing): evidence from field experiments in 24 forests across Japan. Park BJ, Tsunetsugu Y, Kasetani T, Kagawa T, Miyazaki Y.